Finalement arrivée à l'Académie

Contenu du RP ♠ Irene paraissait satisfaite de ma réponse. Tant mieux. Je ne voulais vraiment pas avoir à en dire plus. Je trouvais que ce que j’avais dit était déjà trop par rapport à ce que j’aurais voulu. Je ne voulais plus parler de cette histoire.
Je n’avais toujours pas fini de vider mes valises, d’ailleurs. J’avais beaucoup trop d’affaires. Soit j’avais l’air d’une fille normale qui ne pouvait pas se balader sans dix kilos de vêtements, soit j’avais l’air de la fille qui trimballait avec elle toutes ses affaires parce qu’elle n’avait aucun autre endroit où les garder, parce qu’elle n’avait plus rien. Bon, la deuxième version était suffisamment tirée par les cheveux pour qu’instinctivement, les autres choisissent de me considérer comme une gamine superficielle. Super.
Irene prenait son temps avant de me raconter son histoire à elle. Le genre de choses qui laissait soupçonner qu’il y avait des choses à dire, qu’elle ne savait peut-être pas par où commencer ou comment le dire. On se ressemblait peut-être plus que ce qu’on pensait, au fond. Cette pensée me fit sourire.
Je commençai à escalader l’échelle de mon lit, en attendant que ma camarade réponde.

❝ ▬ Je suis américaine, mais ça tu le sais déjà. J'avais et j'ai toujours de gros problèmes familiaux, ce qui fait que j'ai connu la famille recomposée. J'ai utilisé mes pouvoirs pour me venger d'un membre de ladite famille, et en guise de "punition" (je fais les guillemets) on m'a envoyée ici. Pour que j'apprenne à m'en servir. ❞

Une famille pas super. Un point commun. Moi, personnellement, je n’avais jamais utilisé mes pouvoirs contre ma famille. Bon, par contre, je suppose que laisser son autre personnalité un peu trop violente faire ce qu’elle voulait de sa famille, ce n’était pas exactement mieux. Peut-être même pire. Après tout, Irene n’avait pas dit ce qu’elle avait exactement fait pour se venger. Je n’avais d’ailleurs pas la moindre idée de ce qu’étaient ses pouvoirs, rien ne me disait qu’elle pouvait s’en servir pour vraiment faire du mal à…

❝ J’ai faim. ❞

Elle, toujours aussi inattentive au monde qui l’entourait et à mes réflexions profondes. Mais c’était toujours drôle, de la voir penser quelque chose qui n’avait aucun rapport avec le reste de l’univers. Et puis, Elle venait de se réveiller, manifestement. Et au réveil, Elle était comme beaucoup, encore dans les vapes.
Je m’étais immobilisée en plein milieu de l’échelle. C’était bizarre. Ça faisait une dizaine de secondes. Et ça devait certainement avoir l’air très étrange du point de vue d’Irene. Je montai le barreau qui me restait et me laissai tomber sur le matelas.
Il était super, ce matelas. Tout ce que j’avais fréquenté comme matelas depuis quatre ans, c’était ce qui était théoriquement censé être un matelas dans ma cellule puis le lit de ma chambre d’hôtel pas cher à Genève. On voyait bien la différence de qualité entre les asiles psychiatriques, les hôtels miteux et les écoles financées par des pays. Peut-être qu’une école privée à trois milliards l’année aurait de meilleurs matelas. Je n’aurais probablement jamais l’occasion de tester. Quoi qu’il en soit, le silence commençait à être pesant, ici.

❝ ▬ Les problèmes familiaux, c’est nul. J’espère que ça s’arrangera. Et du coup, c’est quoi tes pouvoirs ? ❞

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Contenu du RP ♠ J’allais rester allongée sur mon lit un moment. Ça me manquait, les lits confortables comme ça. J’avais un super lit, quand j’étais petite. Un lit immense dans lequel je m’enfonçais. « Immense. » Il était probablement juste normal. Je n’avais pas mis les pieds dans ma chambre depuis mes neuf ans, et j’étais minuscule à l’époque. Qu’avaient fait mes parents de ma chambre ? Je ne m’étais même pas posé la question, ce jour-là. J’aurais peut-être dû fouiller un peu. J’aurais pu essayer de trouver une jolie peluche à laisser à ma petite sœur avant de l’abandonner. En passant, j’aurais découvert que sa chambre était la mienne, inchangée, ou qu’ils l’avaient réaménagée, dissimulant celle qui avait été là, ou qu’ils l’avaient fermée pour toujours, souvenir de leurs actes honteux.
Il fallait que j’arrête de penser à eux. Mais je n’y pouvais rien. Ils étaient mes parents, les parents que j’avais tués. Même si je n’avais pas de remords vis-à-vis de mes  –  de nos  –  actions, je ne pouvais pas simplement les oublier. Et puis, je n’étais pas sûre de vouloir les oublier. Ils faisaient partie de mon existence autant que mon asile psychiatrique. Et je ne voulais pas vraiment oublier d’où je venais.

Puis je me rappelai de quelque chose. Irene m’avait répondu. Depuis un moment, même.
Merde.
Je me concentrai, essayant de retrouver sa réponse. Je me repassai ma réflexion mentale en boucle, enlevant mes couches de pensées les unes après les autres. Irene devait se demander pourquoi je ne répondais pas. J’avais l’air bizarre, comme d’habitude. Pourquoi est-ce que mon esprit partait dans tous les sens, aujourd’hui ? Je n’en pouvais plus.
Bref. « blablabla télékinésie blablabla et toi. » Je pensais avoir retrouvé le principal. Maintenant, je devais répondre à ça. La télékinésie, c’était banal comme pouvoir. Même si je pouvais parler, avec mes éléments. Et moi, en plus, l’un de mes pouvoirs ne me servait à rien parce que je n’osais pas l’utiliser. Sérieusement.
Je me relevai, m’asseyant en tailleur sur mon lit histoire de pouvoir regarder Irene en même temps. C’était plus poli de regarder les gens quand on leur parlait, globalement.

❝ ▬ Ça va, comme pouvoir. Moi, je peux manipuler le feu, l’air et la glace. Mais j’ai plus ou moins la phobie du feu alors bon, c’est pas très pratique. ❞

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Contenu du RP ♠ Irene n’arrêtait pas de tripoter ses cheveux. Elle devait être nerveuse, quelque chose comme ça. Moi, je n’avais pas vraiment de tics nerveux. Tout le monde en a plus ou moins, des choses qu’il fait quand il ne sait pas trop quoi faire ou quoi dire, un sujet de discussion favori à lancer dès que les blancs devenaient trop gênants. Rien de ça pour moi. Quand je n’avais rien à faire, je restais immobile. Quand je n’avais rien à dire, je me taisais. Quand j’étais stressée, je me contentais à la limite des réactions physiologiques type accélération du rythme cardiaque. Je ne comprenais pas ces besoins de s’activer non-stop de tous les autres.
Irene mettait du temps à répondre. Je n’étais plus la seule dans ce cas, du coup. C’était un peu stupide comme manière de voir la chose, mais c’était l’évidence qui me sautait aux yeux. Chacune son tour.

❝ ▬ Je me suis souvenue d'un truc. Quand j'étais gamine, j'avais peur de l'eau parce que j'avais failli me noyer un jour. J'ai plus cette phobie. Le tienne, elle passera bien. ❞

Sauf que la vie n’était pas aussi simple, chère Irene. J’étais terrifiée par le feu depuis toujours, sans aucune explication concrète à laquelle me raccrocher pour me justifier. C’était une peur viscérale, non liée à un traumatisme. Et je n’étais pas sûre que ça passerait comme ça. Je voulais que cette peur me quitte, mais je n’étais même pas convaincue que ce soit possible. Je faisais de mon mieux, mais rien ne changeait jamais. La même panique me prendrait si je voyais même un simple petit feu de cheminée maintenant qu’à mes trois ans, malgré tout ce que j’avais essayé.

❝ ▬ J’ai du mal à croire ça. J’ai attendu pendant des années qu’elle passe. Il ne s’est jamais rien passé dans ce sens-là. J’ai essayé de faire du feu et de me forcer à le fixer pour m’habituer. Je l’ai fait des dizaines de fois, des centaines peut-être. Je ne tiens toujours pas plus de cinq secondes avant de ne plus pouvoir contrôler la panique qui me prend. A ce stade, je commence à perdre espoir. ❞

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Contenu du RP ♠ Irene arrêta de tripoter ses cheveux. J’aimais bien ce moment où les gens interrompaient leurs petits tics. C’était ennuyeux de voir des gens faire n’importe quoi « sans faire exprès ». Sérieusement. Du coup, j’aimais bien quand les gens arrêtaient. Du coup, là, j’étais plutôt contente.

❝ ▬ Si tu n'as rien pu y faire... Jsuis peut-être bonne pour déceler des mensonges, mais vu la tonne d'amis que j'ai eu... Désolée ma grande. ❞

Donc Irene était clairement plus douée pour m’embêter que pour m’être utile. Génial. Bon, ce n’était pas sa faute, d’accord. Mais n’empêche, j’aurais bien aimé un peu de soutien. Ce n’était pas exactement cool. J’en avais marre.
Cette phobie était une bizarrerie de plus chez moi. Il y en avait trop. J’étais trop étrange. Elle, ma plus grande « étrangeté », je l’acceptais à bras ouverts, même si elle me valait d’être qualifiée de folle. Je ne voyais pas le monde comme les autres, c’était tout, et je n’avais rien fait de mal directement à cause d’Elle. Presque. Et puis, rien ne disait que je ne me retrouverais jamais à provoquer un tsunami, trop effrayée par un grand feu. Oui, d’ailleurs, je devais pouvoir être capable de provoquer un tsunami. Je pouvais créer des tornades et brûler des gens vivants  –  théoriquement, toujours  –  en un claquement de doigts. Elle n’était pas plus capable de tuer que n’importe qui d’autre. Elle n’avait pas accès à mes pouvoirs. J’étais plus dangereuse qu’elle, au fond. Je faisais juste moins de dégâts parce que je n’avais pas le courage.
Mes autres différences, j’avais plus de mal à les accepter. Je n’aimais pas vraiment mon intelligence supérieure qui m’avait valu l’isolation tout au long de l’école primaire. Je n’aimais pas ma phobie incompréhensible qui m’empêchait de développer toutes mes capacités et qui me faisait paniquer dans des situations stupides.
Elle avait faim, tout à l’heure. Quelle heure était-il maintenant ? Et moi qui avais perdu ma montre la semaine précédente et qui avais omis d’en racheter une... J’avais un réveil, normalement, dans mes affaires. J’avais dû le ranger avec mon pyjama. Dans quel sac l’avais-je mis, déjà ?… Je soupirai. J’aurais dû finir de ranger mes affaires, tout à l’heure. Ma flemme me perdra.
Je descendis de mon lit et commençai à fouiller mon bazar, en éparpillant une partie au passage. Je me demandais si Irene s’interrogeait sur ce que je faisais. Pas que ça change grand-chose à ma vie.
Je parvins à mettre la main sur mon réveil après un moment de recherche. Je décidai d’annoncer l’heure à voix haute ; ça pouvait intéresser Irene, après tout.

❝ ▬ Il est midi, au fait. Je crois qu’on peut manger au self à partir de et quart. ❞

Je décidai de continuer à ranger mes affaires et, surtout, de ramasser les quelques qui traînaient. Je n’étais pas un exemple d’ordre mais les vêtements par terre m’horripilaient comme pas possible.

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Contenu du RP ♠ C’était vraiment chiant, de ranger, sérieusement. J’avais dû le penser environ dix fois depuis le début de ce rp’, mais c’était vrai. Je n’en pouvais plus, putain. Je ne rangeais que parce que je détestais le désordre encore plus que ranger. Irene, elle, se levait et s’étirait. Une activité géniale, somme toute. Puis elle prit la parole.

❝ ▬ Tu veux que je t'aider à ranger ? J'irai manger après au pire, ça presse pas. ❞

Cette réplique me surprit, pour être honnête. Je ne m’attendais pas à ce qu’Irene ait l’idée de me donner un coup de main. Je ne m’attendais pas à ce que qui que ce soit prenne un bout de son temps pour m’aider. Mais elle l’avait fait. Je pensais qu’Irene ne m’aimait pas vraiment, surtout après mon histoire de mensonges. Mais au fond, j’avais peut-être eu tort. Elle n’était probablement pas non plus ma plus grande fan, il ne fallait pas exagérer, mais nous n’étions pas parties sur d’aussi mauvaises bases que ce qu’il me semblait. Tant mieux. Si j’arrivais à m’entendre à peu près avec Irene, je ne serais déjà pas aussi seule que ce dont j’avais l’habitude. Donc : accepter et la remercier.

❝ ▬ J’ai rien contre, merci. Si on s’y met à deux, ça ira plus vite ! ❞

Sur ce, je revins à mes moutons. Il ne me restait pas tant de vêtements à ranger que ça. Mon tri maniaque de mes livres, je le ferai plus tard, je n’avais qu’à les aligner sur une étagère, ce serait suffisant pour l’instant. Il devait aussi me rester quelques cahiers, des feuilles, des crayons ainsi que mes affaires de toilette. Pas grand-chose, mine de rien. Nous aurions fini rapidement. Elle aurait bientôt son repas.

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Contenu du RP ♠ Nous passâmes donc une dizaine de minutes à ranger mon bazar. Au final, je pense qu’Irene rangea une plus grosse fraction de mes affaires que moi ; j’essayais tellement de plier mes vêtements parfaitement que je perdais du temps et que ma camarade se retrouvait à en faire plus que moi. Ça ne semblait pas la déranger outre mesure, toutefois. Mon ego était ce qui était le plus gêné, dans l’histoire.

❝ ▬ Eh bien, on a fini ! Du coup maintenant, on va manger ? ❞ lança Irene une fois tout ce que j’avais rangé plus ou moins sommairement dans mon armoire.

Ça me paraissait être la continuité logique des événements. En plus, après une vérification rapide, il était midi treize. Bref, dans quelques minutes, le repas commencerait. Le temps de trouver le réfectoire, il serait largement l’heure de manger. Du coup, commencer à descendre maintenant serait un bon plan, globalement.

❝ ▬ Ouais, allez, il est temps de manger ! ❞

Elle paraissait sourire à cette idée. Un sourire éclatant, plein de bonheur et d’une certaine naïveté, certes, mais un sourire adorable. Un sourire qui me poussa à sourire à mon tour. Discrètement et légèrement, mais sourire.
Après ça, je m’étirai puis commençai à me diriger vers la porte de ma chambre. Je ne faisais pas comme si j’attendais Irene, mais je marchais suffisamment lentement pour qu’elle ait largement le temps de me rattraper avant que je ne sorte.

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Contenu du RP ♠ Le réfectoire était donc dans le même bâtiment que le dortoir. Pourquoi pas. Il faudrait d’ailleurs que j’aille faire un petit tour de l’établissement pour repérer les lieux. Pas besoin de tout visiter en détail, juste situer un peu les différentes parties de l’endroit. Et puis il y avait aussi le village. Une bonne séance d’exploration à prévoir. Mais plus tard. Cet après-midi, je me voyais bien me poser tranquillement avec un livre dans un coin  –  sur mon lit, dans la cour, à la bibliothèque voisine ? Je verrais à ce moment-là.
En attendant, je choisis ce que j’allais manger ce midi-là. Les entrées ne m’attiraient pas vraiment mais je finis par prendre la même salade de riz que ma camarade. Niveau plat, je me jetai sur le steak haché. Ça, c’était une bonne idée. La viande, j’aimais ça. Je préférais le vrai steak de bœuf au steak haché mais sérieusement, aujourd’hui, je n’étais pas à ça près. J’avais la dalle et la qualité de ma viande n’était, du coup, pas la plus importante de mes préoccupations. Avec des légumes parce bon, c’est bon pour la santé. Je pris finalement un fruit pour dessert puis Irene et moi partirent à la recherche d’une table, qui n’était pas ronde parce qu’il n’y a pas de tables rondes dans ce réfectoire, je peux te screen SH3D si tu me crois pas, à côté de la fenêtre.
Nous attaquâmes nos plats après que j’ai lancé un ❝ Bon appétit ❞ discret mais poli.
Irene fut la première à prendre la parole pendant ce repas, commentant en toute logique la qualité de la nourriture.

❝ ▬ Au final, c'est pas si mauvais que je le pensais. L'habitude des mauvais selfs… ❞

Ah, si elle connaissait ce que j’avais pris l’habitude de manger, elle se plaindrait moins des selfs qu’elle avait fréquentés. Après l’asile, j’aurais pu me nourrir avec n’importe quoi. Rien que l’idée d’avoir trois repas par jour était un renouveau pour moi. Je n’étais pas vraiment difficile sur la bouffe. Je ne l’étais plus. Je m’estimais heureuse de pouvoir manger sans faire grand-chose.
Heureusement qu’en plus de ça, nous étions hébergés gratuitement dans cette Académie. Sinon, j’aurais probablement dû me mettre à travailler. L’argent volé à mes parents ne durerait pas éternellement…
Je finis ma salade avant de répondre à Irene.

❝ ▬ Ouais, j’ai vu nettement pire. Sinon, tu penses faire quoi cet après-midi, toi ? ❞

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